Des centaines de milliers d’emplois menacés
Lors de ses états généraux de l’industrie en mai 2024, la CGT lançait l’alerte sur l’effondrement de l’emploi notamment dans l’industrie : 130 plans de suppressions d’emplois depuis septembre 2023. Mise à jour au fur et mesure, la liste noire a depuis été présentée à chaque premier ministre :
- Michel Barnier en septembre 2024, avec 180 plans ;
- François Bayrou en janvier 2025, avec 250 plans ;
- Sébastien Lecornu en septembre 2025, avec plus de 400 plans.
Près de dix-huit mois après la première alerte, 483 plans de suppressions d’emplois ont été recensés, soit 107 562 emplois menacés ou supprimés (dont près de la moitié dans l’industrie). En y ajoutant les emplois indirects et induits (services, commerces proches, sous-traitants…), l’impact négatif serait de 200 à 300 000 emplois depuis septembre 2023.
Ce nombre est certainement bien inférieur à la réalité, alors que la Dares comptait 600 plans de suppressions d’emplois pour l’année 2024.
Premier coupable : la politique de l’offre du gouvernement
Pourtant alerté à de multiples reprises, le gouvernement n’a pris aucune mesure pour contrer cette hécatombe – au contraire, il poursuit sa politique de l’offre, principale cause de la désindustrialisation du pays :
- il n’a jamais été aussi facile de licencier en France depuis les dernières décennies, avec le plafonnement des indemnités pour licenciement abusif, les ruptures conventionnelles collectives…
- des milliards d’euros d’aides publiques sont distribuées chaque année aux entreprises privées (211 milliards en 2024), sans contrepartie sur l’emploi ou les investissements. C’est le cas de Sanofi, bénéficiaire de plusieurs milliards d’aides, qui a pourtant supprimé près de 12 000 postes en vingt ans ;
- les taux de marges ont augmenté, passant de 28 % en 2015 à 32 % en 2025… pour enrichir les actionnaires : les dividendes ont augmenté de 75 %, trois fois plus que les investissements…
- le prix du travail ne cesse de baisser : deuxième économie d’Europe, la France n’est qu’au sixième rang pour les salaires ;
- le gouvernement déroule le tapis rouge aux plans-vautours : rachat par des fonds de pensions, abandon des sous-traitants par des sociétés mères…
- le politique est absent (collectivités, État) quand une entreprise va mal et qu’il faut trouver une solution.
Une urgence à l’échelle planétaire
À l’heure où les tensions géopolitiques s’exacerbent à l’international (guerre commerciale lancée par les États-Unis de Donald Trump, conflits qui se multiplient), la relocalisation de la production – notamment industrielle – devient plus que jamais un enjeu stratégique. Pourtant, des productions pharmaceutiques sont désormais externalisées, et la balance commerciale de la France sur le marché alimentaire est devenue négative pour la première fois de son histoire.
Alors que la crise climatique s’aggrave chaque année, multipliant incendies, catastrophes naturelles et conséquences désastreuses pour les travailleur·ses et les populations, il devient urgent de relocaliser les productions pour limiter l’empreinte carbone de l’industrie, tant sur les transports que sur les conditions environnementales de production.
En poursuivant dans la direction actuelle, l’industrie va droit dans le mur, économiquement, socialement et écologiquement.

Des solutions existent
Pour la CGT, il est urgent de mettre en place des assises de l’industrie afin de définir les mesures qui permettront de sauver la production en France. Elle propose d’ores et déjà dix mesures, qui doivent s’appuyer sur des pouvoirs publics renforcés :
5 mesures d’urgence :
- moratoire sur les licenciements ;
- dispositif national et territorial de gestion de crise industrielle ;
- utilisation des leviers publics : préemption, entrée au capital, nationalisations ciblées ;
- remboursement des aides publiques pour les entreprises qui font des bénéfices
- pouvoir renforcé des salarié·es et élu·es locaux·les devant les tribunaux de commerce.
5 mesures structurelles :
- donner un pouvoir réel d’intervention aux travailleur·ses ;
- mettre en place une sécurité sociale professionnelle et environnementale, assurant aux salarié·es le maintien du salaire en transition entre deux emplois ;
- commande publique et politique d’achats comme leviers de transformation et bouclier anti-dumping ;
- usage des aides publiques comme un levier de planification économique ;
- tarifs réglementés de l’énergie et juste prix bas du carbone.
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