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Du charbon à la biomasse : l’exemple de Gardanne

La directive européenne de 2006, prévoyant l’arrêt progressif des centrales à charbon dites « palier 250 MW » à l’horizon 2015, a condamné l’unité d’exploitation de la centrale de Gardanne et plongé tout un bassin industriel dans l’incertitude. Ce choix technocratique, pris sans anticipation ni accompagnement sérieux, a menacé des centaines d’emplois directs et indirects et fragilisé des territoires déjà éprouvés par la désindustrialisation. Face à cette impasse imposée d’en haut, les travailleur·ses, avec la CGT, ont refusé la fatalité et ont porté un autre avenir possible : le projet biomasse.

Pendant sept ans, les salarié·es et la CGT se sont battu·es pied à pied pour préserver l’activité du site, défendre les emplois et imposer une reconversion industrielle ambitieuse, fondée sur l’intérêt général. Leur projet n’a pas seulement permis d’éviter la fermeture : il a démontré qu’une transition écologique cohérente passe par le maintien et la transformation des outils de production, et non par leur abandon. En articulant enjeux sociaux, souveraineté énergétique, utilisation durable des ressources forestières et maintien des compétences, elles et ils ont construit une alternative crédible que ni l’État ni les directions successives n’avaient su proposer.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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Cette lutte exemplaire a fini par porter ses fruits. En novembre 2025, les premières embauches ont été réalisées dans l’entreprise chargée d’exploiter la nouvelle unité biomasse, concrétisant ainsi des années de mobilisation, de travail technique et de propositions syndicales. Ce redémarrage marque bien plus que la relance d’une activité : il symbolise la capacité des travailleur·ses à bâtir des solutions industrielles pérennes, créatrices d’emplois et compatibles avec les impératifs climatiques.

La reconversion de la centrale de Gardanne en usine de production d’électricité à partir de biomasse de bois, portée de bout en bout par les syndicats CGT et les travailleur·ses, démontre qu’un avenir industriel propre, socialement utile et ancré dans les territoires est non seulement possible, mais gagnable. Là où certains ne voyaient qu’un site à fermer, les travailleur·ses ont fait émerger un modèle de transition juste, où celles et ceux qui produisent sont enfin placés au cœur des décisions.

Chapelle Darblay : réouverture actée après six années de lutte

Le 10 septembre 2019, UPM annonçait la fermeture de la Chapelle-Darblay (Seine-Maritime), usine papetière symbole de l’économie circulaire et exemple à suivre en matière d’impact écologique. Cette usine à la pointe de la technologie recyclait l’équivalent du tri de vieux papiers de 25 millions d’habitant·es.

Après six années de lutte et malgré la fermeture, les salarié·es sont resté·es mobilisé·es et ont obtenu la préemption du site par la Métropole Rouen Normandie le 10 mai 2022 pour garantir sa vocation papetière. Trois ans plus tard, elles et ils obtiennent le soutien de l’État via une entrée au capital de 27 millions d’euros.

Le site redémarrera donc d’ici 2028, avec la production de papier ondulé d’emballage à partir de cartons recyclés, la relance de la chaudière biomasse et de la station d’épuration biologique. À la clé : 170 emplois locaux, la réactivation de la voie ferrée et un ancrage fort dans le développement durable de l’axe Seine.

Chapelle-Darblay est un exemple supplémentaire de la ténacité indispensable pour porter les questions industrielles, puisque ce dossier reste en cours après plus de quatre années de lutte. Deux dimensions sont particulièrement notables : le travail constant de construction de convergences avec les collectivités locales, et celui relatif aux financements. Face à un État qui, particulièrement ces dernières années, n’assume pas le rôle qu’il pourrait jouer, les efforts pour arracher des victoires sont considérables, passant notamment par la recherche de financements publics.

Plus de 300 emplois sauvés à la Fonderie de Bretagne

La Fonderie de Bretagne, entreprise de 300 salarié·es représentant 350 emplois directs, située à Caudan (ex-SBFM), était une filiale historique de Renault. Elle a été vendue en 2022 à un fonds d’investissement sur la base d’un projet dont tou·tes les expert·es avaient souligné les faiblesses. Comme anticipé, l’investisseur n’avait ni les moyens industriels ni les moyens financiers pour accompagner le travail indispensable de diversification du carnet de commandes.

Cependant, le syndicat CGT, les salarié·es et la direction de la Fonderie de Bretagne ont soulevé des montagnes pour garantir leur avenir :

  • mise en place d’une équipe commerciale, enclenchant une diversification du portefeuille avec une dizaine de nouveaux clients (agricole, ferroviaire, défense, mobilier urbain) ;
  • investissements pour moderniser l’outil de travail, faisant de l’usine l’une des fonderies les plus modernes d’Europe ;
  • engagement dans une démarche d’efficacité énergétique ambitieuse visant à horizon 2028 ;
    • 30 % d’économie sur l’électricité,
    • 50 % sur le gaz,
    • 20 % d’énergie renouvelable dans le mix énergétique ;
  • Projets partenariaux : ferme photovoltaïque de 10 MW, stockage d’énergie, récupération de chaleur fatale pour alimenter une partie de la zone industrielle de Kerpont et ses 9 000 emplois.

Grâce à cette mobilisation, un nouvel investisseur, Private Assets (fonds allemand), s’est positionné pour racheter la fonderie et s’est engagé à apporter 11 000 tonnes par an de productions nouvelles, permettant de sortir de la dépendance envers Renault. L’État, la région et l’agglomération de Lorient se sont également fortement impliqués.

 

 

Cependant, après six mois de négociation et malgré un plan de financement bouclé et soutenu par l’État, Renault a annoncé le 20 décembre 2024 son refus de garantir la moindre part de marché, préférant délocaliser sa production en Turquie, en Espagne et au Portugal. S’est alors engagée une lutte des salarié·es de plus de neuf mois, accompagnée par la CGT, les élu·es du territoire et la population. Elle a permis d’obtenir une décision de justice favorable à la reprise par Europlasma, sauvant ainsi la quasi-totalité des emplois et relançant l’activité.

À Duralex, les salarié·es prennent possession de leur outil de production

Duralex est une marque française mondialement reconnue pour avoir mis au point et produit le verre trempé à la résistance légendaire. En vingt ans, l’entreprise a connu de nombreux déboires : quatre propriétaires, deux redressements judiciaires, une faillite en 2008, un redressement le 23 septembre 2020, puis, en 2022, un arrêt temporaire de la production dû à la crise énergétique, entraînant cinq mois de chômage partiel.

En 2024, l’entreprise est placée en redressement judiciaire. Face à la menace de disparition, les salarié·es et en particulier la CGT se mobilisent et élaborent un projet de reprise en coopérative, validé par le tribunal d’Orléans en juillet 2024.

Environ 60 % des salarié·es deviennent alors associé·es, préservant tous les emplois et redonnant à l’entreprise une gouvernance démocratique et participative.

Depuis 2024-2025, la SCOP a engagé :

  • la reprise progressive de la production ;
  • la remise en état de l’équipement industriel ;
  • la relance commerciale des produits emblématiques ;
  • un travail d’optimisation énergétique ;
  • la reconstruction de liens commerciaux fragilisés.

Fin 2025, Duralex SCOP lance une levée de fonds publique d’un objectif initial de 5 millions d’euros pour moderniser ses installations. Bien que plusieurs chantiers restent encore ouverts (foncier, investissements…), la SCOP Duralex incarne une réussite collective et un espoir pour l’industrie verrière française.

À Valdunes, un projet de reprise dans une perspective de décarbonation

La mobilisation exceptionnelle des salarié·es de Valdunes et de la CGT, par des grèves, actions syndicales, démarches politiques et juridiques, accompagnée d’un travail approfondi (compétences en droit des affaires, mise en relation des acteurs de toute la filière avec, par exemple, l’implication de la Fédération CGT des Cheminots) a permis de mobiliser des acteurs en capacité d’agir : l’État, la région Hauts-de-France, les collectivités locales, la SNCF, la RATP et Alstom.

Après des mois de lutte, les salarié·es, avec l’appui de la CGT, ont réussi à faire bouger les lignes et à préserver un outil industriel unique, en inscrivant le projet de reprise dans une perspective de décarbonation et de transition environnementale.

La nationalisation d’Arcelor-Mittal enfin votée à l’Assemblée

La mobilisation des salarié·es d’Arcelor depuis près de deux ans et de toute la CGT, et notamment la fédération CGT des Travailleurs de la Métallurgie, les syndicats CGT des sites d’Arcelor Mittal et leurs unions départementales (Nord, Oise, Moselle, Loire-Atlantique et Ardennes) a eu raison de l’opposition du gouvernement et de l’obstruction du Rassemblement national qui avait déposé 290 amendements pour empêcher le vote de la nationalisation – montrant une fois de plus la duplicité de l’extrême droite vis-à-vis des travailleur·ses.

la CGT appelle le gouvernement à mettre en œuvre ce vote inédit sans attendre et appelle les sénatrices et sénateurs à voter à leur tour en faveur de la nationalisation d’Arcelor.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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